Critique Una promessa Una promessa de Gianluca et Massimiliano De Serio

Publié le 13 octobre, 2020 | par @avscci

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Una promessa de Gianluca et Massimiliano De Serio

Œuvre de fiction fondée sur des événements atrocement réels, Una promessa est le troisième film des jumeaux Gianluca et Massimiliano De Serio, nés à Turin il y a quarante-deux ans. L’exploitation crapuleuse des journaliers agricoles dans le Sud de l’Italie persiste aujourd’hui, alors qu’elle avait tué il y a deux générations la grand-mère des réalisateurs, grand-mère qu’ils n’ont pas connue. Le titre italien (« Les casseurs de pierre ») évoque un tableau de Courbet disparu dans le bombardement de Dresde en 1945, tableau où le réalisme d’un peintre s’exprimait sans aucune concession au décoratif ou au bon goût distingué. C’est la même voie que suivent les frères De Serio. Certaines scènes, d’une violence extrême dans la peinture de l’humiliation, ont fait reculer certains critiques à la récente Mostra de Venise, qui y voyaient une complaisance condamnable. Chaque spectateur jugera de lui-même. Quant à nous il nous a semblé, passé la première surprise, que ces scènes étaient indispensables pour traduire la révolte des auteurs devant le pouvoir apparemment toujours recommencé des mafias qui écrasent les travailleurs pauvres, en Italie, et partout ailleurs. Le chemin suivi, « dans une nuit obscure », par Giuseppe, jeune veuf inconsolable et courageux, et son fils de huit ans, rappelle la route d’autres couples père-fils de l’histoire du cinéma. Qu’ils cherchent un vélo volé dans Rome en 1948, qu’ils fuient en 1921 les services « sociaux » américains en se cachant dans des dortoirs sordides, ou qu’ils quittent les paisibles rues d’Arezzo pour aller vers l’enfer, ces tandems tragiques hantent le cinéma depuis longtemps.

René Marx

Spaccapietre. Film italien de Gianluca et Massimiliano De Serio (2020), avec Salvatore Esposito, Samuele Carrino.  1h44.




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