Critique

Publié le 7 février, 2023 | par @avscci

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Un petit frère de Léonor Serraille

Caméra d’or au Festival de Cannes 2017 pour Jeune Femme, la réalisatrice Léonor Serraille s’attache dans son nouveau film au destin d’un trio arrivé d’Afrique à la fin des années 80, une mère et ses deux fils qui vont s’intégrer au sein d’une société française en pleine ébullition qui ne deviendra Black Blanc Beur que le temps de la parenthèse enchantée de la Coupe du monde de football 1998. Mère courage, Rose va se sacrifier discrètement pour que ses deux garçons deviennent des hommes bien dans un environnement pas toujours propice à la morale. Quitte à sacrifier pour cela sa propre jeunesse. Une chronique universelle que sa programmation trop tardive en compétition à Cannes a recouvert d’un voile d’invisibilité médiatique aussi épais qu’injuste qui risque aujourd’hui de se confirmer en salle, ce qui correspondrait à la double peine. Bien qu’Un petit frère célèbre des valeurs fondamentales, Léonor Serraille se méfie des grands discours et préfère s’en tenir à une observation du quotidien le plus prosaïque pour montrer comment une mère a la capacité de transmettre des valeurs saines à ses enfants. En l’occurrence ici, l’éblouissante Annabelle Lengronne campe une femme prête à tout pour que ses enfants réussissent et deviennent à leur tour des êtres exemplaires, même s’il arrive parfois que certains chiens fassent des chats, contrairement à la formule consacrée. Vœux pieux et illusions perdues dont la portée universelle est sublimée ici par une mise en scène pointilliste dont chaque détail compte. Un joli film qui mérite de trouver son public malgré la profusion actuelle.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Léonor Serraille (2022), avec Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin, Ahmed Sylla. 1h56.




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