Critique

Publié le 12 mai, 2024 | par @avscci

0

Un homme en fuite de Baptiste Debraux

Du jour au lendemain, La Nuit du 12 a transformé l’adulescent Bastien Bouillon en adulte. Avec Un homme en fuite, son premier long métrage depuis le triomphe du film de Moll, l’acteur confirme son nouveau registre, en incarnant un revenant, un homme qui se distingue autant par son passé que par ses actes. La maturité du comédien fait partie de la matière même d’Un homme en fuite, puisque le récit se déploie en deux temps : une jeunesse, précédant le départ de la petite ville où tout se joue, et l’âge adulte ou le protagoniste revient sur le lieu de son enfance, confortant ses démons, à la recherche de son meilleur ami, devenu le héros du village et le symbole de la résistance à la fermeture de l’usine locale. Il y a donc deux films en un, selon un montage parallèle classique, dévoilant progressivement les secrets de la jeunesse, éclairant le présent. Et ce présent est plutôt réussi, malgré quelques incongruités peu crédibles dans la description du mouvement social. Mais l’ambiance étouffante, le voile de regret permanent sont bien mis en scène, alors que la dégaine d’ado vieilli de Bouillon sert à merveille le propos mélancolique. Des qualités qui s’effondrent devant les scènes du passé, vus à travers un filtre de couleur peu seyant, et incarnés par des trentenaires maladroitement rajeunis. Toutes les zones d’ombre ou ambiguïté potentielles de l’œuvre sont explicitées, littéralement mises en lumière, commentant sans arrêt la narration d’un présent, qui aurait clairement très bien pu fonctionner sans. La belle tentative de polar social ne tient donc pas toutes ces promesses, même si le talent du cinéaste est là, mais étrangement canalisé.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Baptiste Debraux (2024), avec Bastien Bouillon, Lea Drucker, Pierre Lottin. 1h46.




Back to Top ↑