Critique Un fils du Sud de Barry Alexander Brown

Publié le 17 mars, 2022 | par @avscci

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Un fils du Sud de Barry Alexander Brown

On associe volontiers les années 60 à la lutte pour les droits civiques, sans toujours imaginer le climat délétère qui régnait alors. Un fils du Sud est l’adaptation de The Wrong Side of Murder Creek : A White Southerner in the Freedom Movement, le témoignage à vif du petit-fils d’un membre du Ku Klu Klan originaire de l’Alabama qui a pris le contre-pied de la tradition familiale en ralliant les idées du pasteur Martin Luther King et de Rosa Parks. Le film reconstitue plus qu’une époque : un état d’esprit dont le cinéma n’a que rarement cherché à rendre compte, sinon dans Mississippi Burning (1988), La Main droite du diable et plus récemment Loving (2016) ou Green Book : Sur les routes du Sud (2018) où émerge une Amérique sudiste qui n’a jamais intégré les conséquences de la guerre de Sécession. Monteur attitré de Spike Lee, Barry Alexander Brown traite son sujet sans pathos, en cernant au plus près un état d’esprit endémique que synthétise à lui seul la vieille baderne raciste que campe Brian Dennehy dont ce film constitua l’ultime apparition à l’écran. Un fils du Sud s’impose comme le portrait d’un jeune homme idéaliste et courageux qui a le courage de s’élever non seulement contre ses aînés mais aussi ceux de son âge, afin de briser un engrenage diabolique. Le scénario s’appuie sur la complexité de ce combattant de l’intérieur mû par sa conscience intime face à une situation à laquelle il refuse de se soumettre, au sein même d’un environnement éminemment toxique. C’est en cela que ce personnage fait figure de héros authentique et ce biopic de leçon d’altruisme exemplaire.

Jean-Philippe Guerand

Son of the South. Film américain de Barry Alexander Brown (2020), avec Lucas Till, Lucy Hale, Julia Ormond, Brian Dennehy, Cedric the Entertainer. 1h46.




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