Critique

Publié le 2 juin, 2022 | par @avscci

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Top gun Maverick de Joseph Kosinski

Top Gun Maverick est un bon film, qui (comme on dit) fait le job. Le metteur en scène sait filmer, il contrôle son cadre, son montage, etc. sans déborder dans l’esbroufe (comme c’est souvent le cas au pays de blockbusters). Le schéma est au fond des plus classiques concernant les missions de l’armée de l’air : la préparation, au cours de laquelle nous faisons connaissance avec les personnages, leurs forces et leurs faiblesses, avant de passer à l’essentiel, la mission elle-même, au cours de laquelle bien entendu l’adrénaline est à son comble. Le film ne faillit pas : les personnages sont bien dessinés et les scènes aériennes sont absolument bluffantes. On arguera bien sûr que le film est constellé de cartes postales et autres images d’Epinal qui sentent bon (ou pas) le chauvinisme. Mais c’est un peu la loi du genre. Les auteurs ont d’ailleurs pris la précaution de ne pas nommer l’ennemi, celui dont il importe de détruire l’usine d’enrichissement d’uranium avant qu’il ne soit trop tard. L’Iran ?

Mais au-delà des péripéties du récit, il est évident que Top Gun Maverick est aussi (et peut-être d’abord) un film sur le cinéma. Parce que cette séquelle intervient 36 ans après le premier épisode, fruit de la psyché reaganienne. Tom Cruise n’a plus 24 ans, mais 60. Et c’est le premier prodige. On ne sait pas si le comédien (qui est aussi coproducteur du film) a lu Le Portrait de Dorian Gray mais force est de reconnaître que le temps n’a eu que peu de prise sur son physique. Surtout si on le compare à Val Kilmer qui l’accompagne le temps d’une scène assez émouvante (il est vrai que celui qui fut Jim Morrison chez Oliver Stone est un survivant, ayant affronté il y a peu un cancer de la gorge). Le film est lui-même comme un bras d’honneur adressé par Hollywood au reste du monde (bras d’honneur payant, le film cartonne partout), proclamant sa jeunesse éternelle et l’éclat de sa puissance. Mais on ne fera pas ici le procès du cinéma de propagande, il est vieux comme le cinéma tout court. Réfléchissons néanmoins à ce qu’il dit de la période que nous vivons.

Yves Alion

Film américain de Joseph Kosinski (2022), avec Tom Cruise, Miles Teller, Jennifer Connelly, Val Kilmer. 2h 11.




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