Critique

Publié le 11 septembre, 2023 | par @avscci

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Toni en famille de Nathan Ambrosioni

Une ex-chanteuse de télécrochet élève seule ses cinq enfants et se produit le soir dans les bars une fois qu’ils sont couchés. Au moment où les deux aînés s’apprêtent à quitter le nid familial pour poursuivre leurs études, elle peut enfin envisager de vivre aussi un peu pour elle. Toni en famille propose un portrait de groupe comme le cinéma français en a perdu l’habitude au profit de la télévision. Une comédie de caractères dont tous les protagonistes parviennent à exister avec la même intensité dans un contexte qui joue la carte du quotidien le plus prosaïque. Un sentiment de vérité d’autant plus troublant qu’il émane d’un réalisateur de tout juste 24 ans révélé par Les Drapeaux de papier (2018), qui confirme une maturité hors du commun pour son âge. Non seulement il traduit avec une étonnante justesse les tourments de l’enfance et de l’adolescence, dont on peut imaginer qu’il les a vécus ou côtoyés, mais il se révèle d’une acuité extrême quand il dépeint ce personnage de quadra d’une patience angélique qui voit sa couvée s’égayer et décide enfin de céder à son désir après s’être sacrifiée pour les siens. Il n’émane pas la moindre trace d’amertume ou d’aigreur de cette chronique intimiste portée par une Camille Cottin impériale qui a affaire à forte partie en la personne de ses jeunes partenaires. Le miracle de Toni en famille réside dans la capacité qu’a le réalisateur à laisser la vie s’emparer de son scénario, sans céder à la complaisance ou à la mièvrerie. Comme s’il voulait témoigner de ce que représentent le passage à l’âge adulte et la découverte de l’indépendance.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Nathan Ambrosioni (2023), avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria. 1h35.




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