Critique The card counter de Paul Schrader

Publié le 3 janvier, 2022 | par @avscci

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The Card counter de Paul Schrader

Paul Schrader, c’est le protestant du catholique Scorsese. Partageant son sens du péché, son obsession de la trahison, son impossibilité de prendre le monde à la légère, il a écrit pour lui les scénarios de Taxi Driver, Raging Bull, La Dernière Tentation du Christ et À tombeau ouvert. Aujourd’hui c’est l’ex-gamin de Little Italy qui produit le film du bressonien du Michigan. C’est toujours la même histoire et c’est toujours plus profond, plus convaincant. Comment payer ses dettes, comment racheter ses fautes, comment sauver son âme, sans cesser de lutter dans le monde réel, sans jamais s’égarer dans l’idéalisme aveugle. Le personnage incarné magnifiquement par Oscar Isaac est un joueur de poker professionnel qui joue petit, qui joue modeste et qui gagne. Parce qu’il sait toujours quitter la table au bon moment, qu’il sait partir quand il le faut. Son orgueil, spécial à certains joueurs, est de prétendre contrôler les événements. Bien sûr la machine s’enraye et le héros va tout faire pour reprendre la main, sans trahir son sens si particulier de la morale. Voilà un beau film sur la rédemption et sur l’impossible possibilité de l’amour : celui n’est envisageable par le héros que s’il pense avoir réglé ses comptes. La déception surviendra, le spectateur s’en doute depuis le début, mais le chemin qui y conduit est tracé par Schrader avec un aplomb, une rigueur impeccables. Encore un des joyaux de cette Mostra 2021 de Venise, décidément parcourue par les meilleurs cinéastes du moment, en tout cas les plus profonds.

René Marx

Film américano-britannique de Paul Schrader (2021), avec Oscar Isaac, Tye Sheridan, William Dafoe. 1h52.




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