Critique

Publié le 10 mars, 2023 | par @avscci

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Tengo sueños eléctricos de Valentina Maurel

Ses parents étant séparés, Eva a décidé d’aller vivre en ville avec son père, un artiste bohème plutôt paumé. La cohabitation entre l’adolescente et cet adulte autodestructeur et passablement irresponsable s’avère toutefois compliquée, tant les préoccupations de l’une et de l’autre sont divergentes. Avec cet amour profond mais orageux qui les lie et que le père a du mal à maîtriser, tant sa propre existence semble naufragée par son échec conjugal. La réalisatrice costaricienne Valentina Maurel use ici d’un artifice qui pourra sembler désuet aux plus cyniques : la poésie. Cet art délicat qui consiste à mettre des mots sur les sentiments afin de les transcender. La mise en scène joue avec une infinie délicatesse des rapports ambigus de cet homme qui cède à la violence sous le coup du désespoir avec cette adolescente qu’il se prend parfois à regarder comme une femme. Des rapports troubles qui composent le portrait magnifique de cet âge dit ingrat où les enfants ne le sont plus tout à fait, sans être pour autant des adultes à part entière. C’est parce que les deux personnages principaux de Tengo sueños eléctricos sont mal à l’aise que s’instaure peu à peu entre eux un malaise indicible. Valentina Maurel excelle à suggérer la confusion des sentiments en exaltant la folle entreprise de consolation réciproque dans laquelle se lancent le père et sa fille, sans toujours respecter les règles en usage. Ce film réussit la prouesse d’éviter la tentation du dogmatisme ou du féminisme, en accordant à ses protagonistes ce précieux libre-arbitre qui fait si souvent défaut aux films à thèse.

Jean-Philippe Guerand

Film belgo-costariciano-français de Valentina Maurel (2022), avec Daniela Marín Navarro, Reinaldo Amien Gutiérrez. 1h43.  




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