Critique

Publié le 11 septembre, 2023 | par @avscci

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Super-bourrés de Bastien Milheau

Voilà un joli premier petit film ! Que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas d’une nouvelle tentative de copie française d’une certaine comédie américaine potache et salace (telle Five, en 2016), comme pouvaient le faire craindre le titre, la bande-annonce et l’affiche. C’est plutôt à la naissance d’une écriture singulière à laquelle on assiste avec Super-bourrés. L’action se passe dans une petite ville du Sud de la France, à la fin de l’année scolaire, où deux amis adolescents ont pour mission d’acheter de l’alcool en quantité pour une fête entre copains du lycée. Une finesse du trait se fait rapidement sentir à travers une approche du plan américain, échelle régulière du film, dont la suite évoque une succession de vignettes de bandes dessinées. Nous ignorons si le réalisateur vient de la région, mais le soin avec lequel il compose ses images pittoresques pourrait nous le faire deviner, tant s’y ressent un attachement local. Les personnages sont tous croqués avec délicatesse en quelques traits avec une charmante tendresse. Cette galerie s’inscrit dans des particularismes régionaux (accent du Sud-ouest, expressions régionales, matériels agricoles, champs ensoleillés) que le cinéaste amène vers la loufoquerie. Comme si Riad Sattouf mettait en scène une œuvre de Pagnol. Si ce film ne se destine pas aux enfants, son humour étant essentiellement en dessous de la ceinture, une certaine grâce enfantine s’en dégage. Le couple de héros est ainsi dessiné avec malice de façon dépareillée : lui, Janus, est introverti et fluet et elle, Sam, dans sa rondeur et ses bons mots, évoque la candeur d’Obélix. Et nous rions régulièrement de bon cœur, à certains gags et répliques, en particulier lorsque l’adolescente ventripotente imite Maïté, séduits par cet art de l’esquisse.

Tancrède Delvolvé

Film français de Bastien Milheau avec Pierre Gommé, Nina Poletto, Barbara Shulz, Vincent Moscato, Jean Lassalle. 1h19.




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