Critique

Publié le 14 décembre, 2022 | par @avscci

0

Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde

Cinéaste résolument indépendante, Sylvie Verheyde a longtemps eu pour muse la comédienne Karole Rocher qu’elle adouba comme alter ego dans ses trois premiers longs métrages dont Stella (2008) où elle incarnait la mère de l’héroïne. Son nouveau film est la chronique d’une adolescente à l’orée de la vie dont le voyage au bout de la nuit se déroule dans le Paris des années 80, avant même que ne se profile à l’horizon le spectre de la maladie d’amour, le sida. Ce nouveau volet de son autobiographie vaut à la cinéaste de révéler une nouvelle interprète en la personne de Flavie Delangle, impeccable dans le rôle ingrat d’une fille qui ose rêver sa vie pour échapper à sa condition. La réalisatrice excelle dans la reconstitution d’une époque où règne encore une insouciance qui ne fera pas long feu. Voyage au bout de la nuit parisienne, Stella est amoureuse associe la tendresse à la mélancolie dans une subtile alchimie de sentiments contradictoires et parfois violents. Loin de sublimer son adolescence (elle est née en 1967), Sylvie Verheyde reconstitue avec finesse et subtilité une époque parfois idéalisée rétrospectivement, notamment à travers la place de choix qu’elle accorde à la musique de l’époque dans une bande originale qui affiche des allures de playlist idéale et égrène les tubes à jet continu. Loin d’idéaliser les années 80, Stella est amoureuse se concentre sur ce fameux âge des possibles, sans pour autant jamais chercher à l’idéaliser. À l’angélisme, la réalisatrice préfère une certaine âpreté et prend un soin maniaque à respecter son état d’esprit et ses espoirs parfois déçus.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Sylvie Verheyde (2022), avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay, Louise Malek. 1h50.




Back to Top ↑