Critique Solo d'Artemio Benki

Publié le 30 juin, 2021 | par @avscci

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Solo d’Artemio Benki

Le cinéaste français Artemio Benki, décédé l’an dernier, a vécu et travaillé très longtemps à Prague, a la fois comme documentariste, producteur et distributeur. Solo faisait partie de la sélection ACID du Festival de Cannes 2019. Ce film d’une très grande force relate une rencontre avec un pianiste et compositeur de Buenos Aires. Martin Perino fut un enfant prodige et, quand le récit commence, il s’apprête à sortir d’un hôpital psychiatrique où il a été accueilli pendant quatre ans. La souffrance ancienne de ce virtuose sera-t-elle atténuée par cette « libération » ? Cette sortie correspond en fait à d’immenses difficultés matérielles, relationnelles et évidemment artistiques et professionnelles. Comment retravailler, comment reprendre contact avec un milieu terriblement sélectif quand on porte sur son corps, sur son visage, dans ses gestes mêmes des blessures qui se sont atténuées mais sont toujours présentes ? Le cinéaste suit le pianiste, l’écoute, le regarde, dans ses moments d’abattement comme dans ses quelques victoires, durement obtenues. Comme le récent 17 Blocks de Davy Rothbart, comme Touch Me Not de Adina Pintilie (2018), Solo est le geste presque héroïque d’un cinéaste qui regarde en face l’extrême cruauté de la vie réelle, avec humanisme, tendresse, lucidité et une maîtrise exceptionnelle de l’outil cinématographique. Sans pudeur et sans complaisance. Avec la collaboration géniale et amicale de son interlocuteur, Martin Perino, qui, deux ans après la conclusion du film, un an après la disparition de son auteur, n’a fini ni de souffrir ni de se battre. À l’arrivée, l’occasion pour le spectateur d’une expérience humaine incomparable. 

René Marx

Film documentaire franco-tchéco-argentin d’Artemio Benki (2019), avec Martin Perino. 1h25.




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