Critique

Publié le 16 décembre, 2021 | par @avscci

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Slam de Partho Sen-Gupta

Partho Sen-Gupta signe ici une œuvre engagée, dénonçant les dérives de l’amalgame et l’influence que peuvent avoir les médias dans l’accroissement de la xénophobie. Alors qu’Ameena Nasser, jeune poétesse de slam, disparait mystérieusement, c’est toute la vie de son frère, Ricky, qui s’en voit bouleversée. Loin d’être considérée comme une simple personne disparue, les journaux s’emparent de l’affaire et font d’elle une terroriste en puissance, retournée de plein gré dans son pays en guerre. Tout le long du film les médias sont omniprésents, diffusant des informations sur la situation syrienne et sur la présence de l’armée australienne, permettant ainsi de créer un double récit, celui d’une mère ayant perdu son fils dans cette guerre sans fin. Cette mère étant également la détective chargée de retrouver Ameena, les histoires et les vies s’entremêlent. Le réalisateur nous mène habilement sur la piste de la radicalisation ; la jeune femme s’est mise à porter l’hidjab, avait un discours politique prononcé et aurait été aperçue à l’aéroport, direction Istanbul. Que nous faut-il de plus ? Partho Sen-Gupta nous montre pourtant que la recherche de la vérité devrait demander beaucoup plus de réponses.

Des spectres d’enfants apparaissent à nos personnages, résurgences d’un passé enfoui qui ne veut pas tomber dans l’oubli. Le rouge envahit alors l’écran, couleur de la violence, du conflit sanglant, de la mort brutale. Des vies sont bouleversées, mais la vérité finit par éclater. Le réalisateur nous montre que les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on pense. Au contraire, ils peuvent venir de n’importe où, même de chez nous.

Camille Sainson

Film autralo-français de Partho Sen-Gupta (2021), avec Adam Bakri, Rachael Blake, Rebecca Bredds, Danielle Horvat. 2h04.




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