Critique Sister de Svelta Tsotsorkova

Publié le 9 octobre, 2020 | par @avscci

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Sister de Svelta Tsotsorkova

Comme son titre ne l’indique pas, Sister est un film bulgare. Issu donc d’un pays dont (c’est peu dire) nous connaissons mal la cinématographie. Mais le film nous met en présence d’un groupe de paumés comme il en existe dans le monde entier, dont les repères affectifs autant qu’économiques sont pour le moins flottants. D’entrée de jeu nous entrons dans la famille de la jeune Rayna, qui vit dans une bicoque au milieu de nulle part (mais en bordure d’une route au trafic incessant), là où le facteur a coutume de sonner deux fois. Elle forme avec sa sœur aînée et sa mère (il n’y a pas d’homme dans la famille) un improbable gynécée où chaque jour suffit à sa peine, l’argent ne pointant le bout de son nez que par intermittence, au gré de la vente de figurine de terre cuite à des touristes qui n’abondent pas. Les hommes sont donc absents, mais ils occupent bien sûr toutes les pensées et envahissent les non-dits. De temps à autre, les trois femmes se frottent à un voisin rustaud mais non dénué d’empathie à leur égard, qui trafique les moteurs volés au fond d’un garage. Dans ces bas-fonds intemporels, les sentiments qui s’expriment ne sont pas toujours très rutilants, mais la réalisatrice de cette tranche de vie au goût amer ne manque pas pour autant de provoquer des moments inattendus (le médecin qui prend sa guitare et se met à chanter) et à libérer des élans qui s’avèrent généreux. La lumière finit par entrer dans ce film très sombre et confiné, la personnalité de Ranya n’y étant pas pour rien. Tour à tour horripilante et profondément émouvante, mentant comme une arracheuse de dents avant de se livrer avec candeur, c’est un personnage qui risque de nous trotter encore longtemps dans la tête…

Yves Alion

Sestra. Film bulgare de Svelta Tsotsorkova (2019), avec Monika Naydenova, Svetlana Yancheva, Elena Zamyarkova. 1h37.




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