Critique

Publié le 29 octobre, 2023 | par @avscci

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Sissi et Moi de Frauke Finsterwalder

Avec Corsage de Marie Kreutzer, on avait découvert une facette cachée d’Elizabeth d’Autriche dans une vision plutôt rock’n’roll qui évoquait à bien des égards le traitement réservé à Marie-Antoinette par Sofia Coppola. Sissi & moi s’inscrit également dans cette lignée et confirme l’éternité de cette icône indémodable longtemps associée à une interprète unique, Romy Schneider, qui lui doit sa gloire grâce à la fameuse trilogie de Sissi et à son rôle dans Ludwig ou le crépuscule des dieux de Luchino Visconti. Aujourd’hui encore, cette souveraine fait l’objet chaque année de plusieurs productions qui ne débordent qu’exceptionnellement des frontières de l‘Autriche. Le film de Frauke Finsterwalder le doit vraisemblablement moins à son sujet qu’à la personnalité de son interprète principale, l’actrice allemande d’Anatomie d’une chute, Sandra Hüller, laquelle campe en fait la dernière dame de compagnie de l’impératrice face à sa compatriote Susanne Wolff dans le rôle-titre. Sissi & moi s’attache aux dernières années d’Elisabeth d’Autriche, à travers ses voyages autour de la Méditerranée et son retour douloureux en Bavière, l’impératrice elle-même n’étant pas dupe de cette étiquette dont elle a cru pouvoir s’affranchir en prenant ses distances avec la cour. Nourri de ses carnets intimes, cette nouvelle version est emblématique d’une tendance récente du cinéma d’auteur qui consiste à déboulonner les idoles de leur socle en substituant à l’imagerie des manuels d’histoire une vision alternative volontiers irrespectueuse. C’est cette soif de modernité qui rend le personnage aussi attachant.

Jean-Philippe Guerand

Sisi und Ich. Film germano-austro-suisse de Frauke Finsterwalder (2023), avec Sandra Hüller, Susanne Wolff, Stefan Kurt, Georg Friedrich. 2h12.




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