Critique

Publié le 16 décembre, 2023 | par @avscci

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Sirocco et le Royaume des courants d’air de Benoît Chieux

Agnès, auteure d’ouvrages pour enfants, garde les fillettes d’une amie. Durant son sommeil, la sage Carmen et l’intrépide Juliette, âgées de huit et quatre ans, vont être happées dans son livre Sirocco et le Royaume des courants d’air. Transformées en chats, elles explorent, chacune de leur côté après avoir été séparées, un monde mystérieux apparemment sous la coupe du maître des vents et des tempêtes nommé Sirocco. Promise contre son gré au fils du maire de cet étrange univers, Carmen va tout faire pour le repousser, aidée par la cantatrice Selma. De folles aventures s’annoncent en compagnie de diverses créatures fantasmagoriques dont un jouet aussi nerveux que le lapin blanc suivi par Alice au pays des merveilles ou ce Sirocco qui semble d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas sans évoquer le Fantôme de l’Opéra. Manifestement inspiré au niveau esthétique, philosophique et dans une partie de ses péripéties par l’univers Ghibli, Yellow Submarine des Beatles ou même par la bande dessinée Little Nemo de Winsor McCay, Benoît Chieux crée néanmoins un monde suffisamment original pour s’en démarquer, avec des niveaux de lecture variés. Ce voyage assez magique lui permet de s’emparer de questionnements actuels, à commencer par la remise en cause de la violence du patriarcat par des femmes et jeunes filles éprises de liberté, la leur et celle des autres. La solidarité est clairement primordiale pour résister à des pressions et des actes enfin devenus inacceptables, sans circonstances atténuantes. Sur un registre plus intime, la question du deuil hante ce passage de l’autre côté du miroir. Il est aisé d’imaginer que la présence d’Alain Gagnol au scénario (co-auteur et coréalisateur d’Une vie de chat, Phamtom Boy et Nina et le secret du hérisson) n’est pas pour rien dans le côté dynamique de ces aventures souvent surprenantes mais aussi dans cette sensibilité qui se dégage des personnages attachants et complexes et des liens qui les unissent, même s’ils n’évitent pas les malentendus et les disputes.

Pascal Le Duff

Film français d’animation de Benoît Chieux (2023), avec les voix de Loïse Charpentier, Maryne Bertieaux, Aurélie Konaté. 1h20.




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