Critique

Publié le 29 septembre, 2022 | par @avscci

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Sans filtre de Ruben Ostlund

Décoré de la palme d’or au Festival de Cannes cette année, Sans filtre étonne, dérange et déconcerte pour notre plus grand plaisir. Loin de nous servir une histoire toute tracée, Ruben Östlund nous fait voguer de scène en scène, démarrant par un casting tout à fait banal, pour terminer sur une île déserte où la nature humaine doit s’adapter pour survivre. Portant un regard dénué de compassion sur une société faite d’argent et d’apparences, le réalisateur va déclencher une tempête sur ce monde déshumanisé. Les personnages abandonnent leurs atours pour se retrouver confrontés à la dure réalité. Lorsque la richesse ne gouverne plus, lorsque le confort disparait et que l’échelle sociale s’effondre, que reste-t-il de ces hommes et de ces femmes qui n’ont plus de levier financier pour s’en sortir ?

Avec sa caméra constamment en mouvement, Ruben Östlund nous offre une transfusion d’émotions et nous embarque dans ce périple absurde et délirant où nos repères s’effondrent du début jusqu’à la fin. Sans filtre se découpe en trois espaces, trois huis clos qui étouffent petit à petit nos deux personnages principaux. Le déclin est rapide, la comédie se mue en tragédie et la satire n’en est que plus grinçante. Le titre original, Triangle of Sagness, évoque une ride entre les yeux, une marque d’émotions, une trace de vie, que l’on peut effacer par un acte de chirurgie esthétique. Nos personnages vivent du paraître et de la beauté éphémère, mais lorsque tombent les apparences, il ne leur reste plus rien.

Camille Sainson

Triangle of Sadness. Film suédois de Ruben Ostlund (2022), avec Harris Dickinson, Woody Harrelson, Dolly de Leon. 2h30.




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