Critique

Publié le 11 septembre, 2023 | par @avscci

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Sages-femmes de Léa Fehner

Devenu un sujet de société crucial par ses conséquences sur le bon fonctionnement d’un système de santé vertueux dont les bases ont été posées à la Libération, l’hôpital est devenu en quelques années un décor de cinéma familier dont la pandémie de Covid a pointé l’essentialité. Pour avoir porté l’art de la mosaïque humaine à un très haut niveau avec Qu’un seul tienne et les autres suivront (2009) et Ogres (2015), Léa Fehner plante sa caméra dans une maternité qu’elle regarde vivre au fil des naissances, à travers les yeux de deux sage-femmes dont c’est la première affectation. Une immersion d’autant plus intense que la tension dont souffre le système de santé oppressé par l’administration accentue les risques. Diplômée du département scénario de la Fémis, la réalisatrice retrouve ici sa coscénariste de prédilection, Catherine Paillé, et aborde la fiction avec une rigueur… documentaire. Chaque scène de son film exhale un parfum de vécu qui nourrit la vraisemblance de cette étude de mœurs où chacun reconnaîtra des choses vues ou entendues. Une authenticité qu’accentue encore la présence d’interprètes pour l’instant peu connus, à commencer par Héloïse Janjaud et Khadija Kouyaté qui tiennent les rôles principaux et mettent leur fraîcheur au service de l’inexpérience de ces sage-femmes tout juste promues auxquelles leurs aînés ne laissent même pas le temps de s’acclimater… Prix du jury œcuménique dans la section Panorama de la Berlinale, Sages-femmes écoute battre leurs cœurs avec une justesse dépourvue d’artifices. C’est même ce qui fait la beauté unique de ce film trépidant.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Léa Fehner (2022), avec Héloïse Janjaud, Khadija Kouyaté, Myriem Akheddiou. 1h38. 




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