Critique

Publié le 5 septembre, 2022 | par @avscci

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Rebel d’Adil El Arbi et Bilall Fallah

S’il est un thème indissociable du troisième millénaire, c’est bel et bien la montée du terrorisme à travers la poussée de l’autoproclamé État islamique né dans les décombres des attentats du 11 septembre 2001. Le cinéma a surtout rendu compte jusque-là de ce phénomène à travers des documentaires pris sur le vif et une poignée de fictions parmi lesquelles La Désintégration (2011) de Philippe Faucon et Les Chevaux de Dieu (2012) de Nabil Ayouch qui tentaient de décortiquer le mécanisme de l’endoctrinement. Inspiré du roman de Mahi Binebine Les Etoiles de Sidi Moumen, Rebel va beaucoup plus loin en s’attachant à la croisade d’une mère qui va tout mettre en œuvre pour sauver le petit dernier, à son tour menacé. Sous la fiction se cache la description clinique d’un phénomène dont les médias n’ont pu nous montrer que des bribes complaisamment propagées par les réseaux sociaux. Partis chercher fortune à Hollywood, où ils ont signé Bad Boys for Life (2020) et une version de Batgirl finalement redirigée vers les plateformes de streaming, les réalisateurs belges Adil El Arbi et Bilall Fallah sont revenus en Europe pour traiter d’un thème d’actualité dans la continuité des films qui les ont révélés : Image (2014), Black (2015) et Gangsta (2018). Ils mettent ainsi leur virtuosité technique éprouvée au service d’un propos géopolitique puissant : le conditionnement des combattants d’Allah par une organisation terroriste qui avait érigé son état scélérat en nouvelle Babylone. Avec dans le rôle de la mère courage à la détermination sans failles la toujours éblouissante Lubna Azabal.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge d’Adil El Arbi et Bilall Fallah (2022), avec Aboubakr Bensaihi, Lubna Azabal, Amir El Arbi, Tara Abboud. 2h15.  




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