Critique

Publié le 20 octobre, 2022 | par @avscci

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R.M.N. de Cristian Mungiu

R.M.N. signifie “Résonance Magnétique Nucléaire” : c’est le principe qui préside à l’IRM. Avec ce titre, Cristian Mungiu affirme d’emblée son ambition de se livrer à une analyse en profondeur de la société roumaine contemporaine. Pour ce faire, il pose sa caméra dans une région isolée du pays, dans un petit village de Transylvanie où cohabitent des communautés hongroise, allemande et roumaine. Dans ce cadre si particulier, il mêle plusieurs sous-intrigues qui abordent toutes des questions sociétales éminemment actuelles : sexisme, homophobie, racisme, exploitation… Cela donne un film dense, peut-être trop, qui dresse le portrait affligeant d’une société étouffée par le repli sur soi et la peur (la haine ?) de l’autre. Une (très) longue scène cristallise tous ces enjeux : un plan-séquence de 17 minutes durant lequel les villageois exposent tour à tour leurs différents points de vue sur la présence de trois travailleurs srilankais au village (appelés à la rescousse par l’usine locale car, et c’est toute l’ironie de la chose, la plupart des hommes du village sont partis travailler à l’étranger), et débordent peu à peu sur des terreurs quasi millénaristes, du “grand remplacement” au sida, en passant par le terrorisme et toute manifestation possible et imaginable d’ignorance et d’obscurantisme. C’est évidemment aussi passionnant que désolant, d’autant que la rigueur anxiogène de la démonstration, bien que non exempte de lourdeurs, et même d’une certaine confusion dans sa partie finale, finit par contaminer le récit jusqu’à l’étouffement. 

Marie-Pauline Mollaret.

Film roumain de Cristian Mungiu (2022), avec Marin Grigore, Judith State, Macrina Bârlädeanu, Osolya Moldovan. 2h05.




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