Critique

Publié le 29 septembre, 2022 | par @avscci

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Poulets frites de Jean Libon et Yves Hinant

La réalité dépasse bien souvent la fiction. Après avoir illustré ce truisme pendant des années en tant que producteur de l’émission télévisée Strip-tease, Jean Libon a accompli des débuts remarqués au cinéma avec Ni juge, ni soumise (2017), où Yves Hinant et lui suivaient le quotidien de la magistrate Anne Gruwez. Une femme déterminée qu’on retrouve au début de sa carrière dans Poulet frites, la version cinématographique d’un reportage tourné en 2008, Le Flic, la Juge et l’Assassin. C’est en revisionnant la centaine d’heures de rushes accumulés que les réalisateurs ont trouvé la matière de ce long métrage en noir et blanc qui est au cinéma vérité ce qu’un épisode de Columbo est à la série télé : une sorte de prototype de la routine policière à travers une enquête criminelle a priori banale. La description hyperréaliste de cette réalité prosaïque s’impose à travers la personnalité attachante de Jean-Michel Lemoine, un fonctionnaire zélé et tatillon dont le professionnalisme aiguisé et le bon sens à toute épreuve contrastent avec les chemises bariolées. Jean Libon et Yves Hinant mettent en évidence la logique moins rationnelle qu’on ne pourrait le penser à laquelle répond une investigation en bonne et due forme. Avec cette montée d’adrénaline que justifie sa confrontation au réel le plus sordide. Voici un spécimen fascinant d’hyperréalisme cinématographique dont on peut juste s’étonner qu’une caméra ait réussi à l’appréhender avec autant de justesse. La durée du tournage et l’habileté du montage y sont sans doute pour beaucoup. La puissance du réel reste saisissante.

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire belge de Jean Libon et Yves Hinant (2020), avec Jean-Michel Lemoine, Anne Gruwez. 1h43.




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