Critique Police d'Anne Fontaine

Publié le 3 septembre, 2020 | par @avscci

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Police d’Anne Fontaine

Police est le dix-septième long métrage signé Anne Fontaine en l’espace de vingt-huit ans. Une régularité que beaucoup aimerait égaler… Mais si, à l’aune d’un tel parcours, la cinéaste n’est pas aussi souvent célébrée qu’elle le devrait, c’est peut-être en raison de l’éclectisme de son œuvre, que nous voyons pour notre part comme une qualité. Mon pire cauchemar, Gemma Bovary, Perfect Mothers, Les Innocentes ou Blanche comme neige partagent davantage de vraies idées de cinéma que des thèmes récurrents. Et Police a à son tour tout pour nous dépayser. On a le sentiment dans un premier temps que a réalisatrice veut nous entraîner sur les chemins jadis (brillamment) empruntés par L.627 ou Polisse, qui arpentent la routine d’un groupe de policiers, confrontant quelques fonctionnaires à un quotidien brutal dont la fantaisie et l’humanité ne sont pourtant pas absentes. Mais peu à peu, il devient patent que la fresque sociologique s’estompe et que l’étau de la tragédie se resserre sur les trois personnages qu’Anne Fontaine nous a présentés, confrontés à un cas de conscience terrible : ils se retrouvent devoir escorter un réfugié kirghize jusqu’à l’avion qui va le renvoyer chez lui, où il est probablement promis à la mort… D’un réalisme entomologique, le film ne se prive pas pour autant de quelques coquetteries formelles, revenant sous différents regards sur la même scène. Mais c’est d’abord pour mieux individualiser chacun des trois personnages, que le film saisit à bras le corps, sans la moindre complaisance, mais avec une empathie et une générosité qui nous saisissent pour ne pas nous lâcher.

Yves Alion

Film français d’Anne Fontaine (2020), avec Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois. 1h39.




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