Critique

Publié le 1 mai, 2024 | par @avscci

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Petites Mains de Nessim Chikhaoui

On reproche trop souvent à la comédie made in France sa futilité pour ne pas saluer comme il le mérite le deuxième film de Nessim Chikhaoui, coscénariste des Tuche 4, qui s’attache à l’entrée dans la vie professionnelle d’une jeune fille belle comme le jour mais pourvue d’un caractère bien trempé, en qualité de femme de chambre dans un grand hôtel. À ce détail près que le faste est l’apanage de la clientèle et que le petit personnel corvéable à merci est prié de se montrer aussi discret que possible pour remettre en état les chambres à un rythme infernal. Le réalisateur de Placés inscrit ce récit d’apprentissage en mêlant les conventions de la comédie populaire à un vrai sens de l’observation sociale qui souligne à quel point la notion même de travail a évolué au fil des générations, entre l’aînée désabusée que campe Corinne Masiero dans son personnage coutumier de râleuse usée par la vie et cette jeune fille qu’elle prend sous sa protection et qui incarne une jeunesse pour laquelle le travail ne doit en aucun cas devenir une souffrance. Avec autour d’elles des femmes majoritairement de couleur dont l’une a accepté de passer du côté obscur de la force pour gérer leurs plannings et leurs affectations. Aux conventions du film d’apprentissage, Petites Mains associe la peinture sociale très réaliste d’un milieu professionnel qui divise pour mieux régner. Déjà remarquée en mère immature dans Petites de Julie Lerat-Gersant, Lucie Charles-Alfred crève l’écran dans le rôle principal et devrait refaire parler d’elle d’ici peu. Elle irradie littéralement le film de sa rage de vivre.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Nessim Chikhaoui (2024), avec Corinne Masiero, Lucie Charles-Alfred, Marie-Sohna Condé. 1h27.




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