Critique Petit Vampire de Joann Sfar

Publié le 23 octobre, 2020 | par @avscci

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Petit vampire de Joann Sfar

Dessinateur surdoué, Joann Sfar revient à ses premières amours en signant son deuxième film d’animation après Le Chat du rabbin (2011) dont il prépare d’ailleurs une nouvelle version. Il s’agit une fois de plus pour lui de porter à l’écran l’un des héros emblématiques de son œuvre graphique, Petit Vampire. Un personnage sous l’influence de ses grands aînés, qu’il s’agisse du bestiaire fantastique d’Universal des années 30 ou des productions usinées par la mythique Hammer trois décennies plus tard. Bref, un monstre en devenir qui n’a pas vraiment l’intention de subir ce sort qu’il n’a pas choisi et de se retrouver au ban d’une société qu’il semble condamné à hanter jusqu’à la fin des temps. Parce que chez ces gens-là, la mort n’est pas vraiment une option. Joann Sfar tord le cou à ces clichés éculés et s’attache à un gamin aux dents longues que son sort de suceur de sang condamne à passer sa vie dans une enveloppe corporelle de dix ans et à vivre confiné (c’est de circonstance !) avec les siens. Mais il y a trois siècles que ça dure et trop c’est trop !

Petit Vampire est un film d’animation sous influence où l’amour du cinéma de Joann Sfar s’exprime sur un thème qui ne cesse de nourrir la fantasmagorie du 7è Art. Son personnage principal prisonnier de sa condition n’aspire qu’à vivre comme les enfants de son âge. Et c’est là où le bât blesse car le monde extérieur est au moins aussi effrayant pour les vampires que leurs quenottes pour ceux sur lesquels ils jettent leur dévolu. Par son double niveau de lecture, ce bestiaire fantastique réussit à respecter les codes du genre tout en les transcendant avec une bonne humeur qui fait plaisir à voir. L’avantage, c’est que les adultes y prendront autant de plaisir que les enfants, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Preuve que Sfar est non seulement un grand artiste mais un sémiologue avisé.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’animation de Joann Sfar (2020), avec les voix de Camille Cottin, Jean-Paul Rouve, Alex Lutz 1h25.




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