Critique

Publié le 1 décembre, 2023 | par @avscci

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Perfect Days de Wim Wenders

Wim Wenders est comme un chat qui ne parviendra jamais au terme de ses neuf vies. Il y a plus d’un demi-siècle qu’il se renouvelle en investissant les zones les plus secrètes du cinéma. Avec cet irrésistible tropisme pour le Japon qui lui a déjà valu d’y tourner deux documentaires : Tokyo-Ga (1985), une évocation du pays à travers sa passion pour le cinéaste Yasujirō Ozu, et Carnets de notes sur vêtements et villes (1989) consacré au couturier Yohji Yamamoto. Il y situe aujourd’hui pour la première fois un film de fiction en s’immergeant au cœur même de cette civilisation qui le fascine. Son protagoniste est un fonctionnaire vieillissant qui assure avec une conscience professionnelle sans défaut la maintenance et la propreté des toilettes publiques du centre de Tokyo. Un employé zélé qui accomplit sa tâche quotidienne en solitaire, quand ce n’est pas en compagnie d’un jeune homme velléitaire qui ne partage pas vraiment son perfectionnisme. Au gré de ses trajets, notre anti-héros toujours joyeux s’arrête régulièrement pour photographier la cime des arbres, en se laissant bercer par les cassettes de standards américains des années 60 et 70 qu’il glisse dans son autoradio. Ce personnage magnifiquement incarné par Kôji Yakusho, qui a obtenu un prix d’interprétation masculine mérité à Cannes, s’impose comme le double nippon de Wenders à travers les passions qu’il partage avec ce maître incontesté du road movie. C’est dire à quel point Perfect Days peut être considéré comme une œuvre intime de la part d’un géant du cinéma qui est parti au bout du monde pour se mettre à nu comme jamais.

J.-P. G.

Film germano-japonais de Wim Wenders, avec Kôji Yakusho, Min Tanaka, Arisa Nakano. 2h03.




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