Critique

Publié le 21 mai, 2022 | par @avscci

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Péché mortel de John Stahl

Beaucoup tiennent Gene Tierney pour la plus belle, la plus troublante, la plus sensuelle des stars hollywoodiennes de l’âge d’or. Nombreux également pensent que Péché mortel est son sommet (et Dieu sait si Laura, Le ciel peut attendre ou L’Aventure de Madame Muir sont superbes). Parce qu’elle y incarne le rôle le plus tordu, le plus casse-gueule, le plus ambigu de sa carrière. Celle d’une femme amoureuse qui détruit tout ce qui l’entoure parce que la jalousie la ronge dans des proportions himalayennes. Et de zigzaguer durant tout le film entre une fragilité, un don de soi, une passion amoureuse aussi sincère que débordante et les pensées les plus noires, les actes les plus fous, une folie destructrice pathologique. Mais évidemment le film existe en dehors de son (beau) visage. Certaines scènes méritent de rester évidemment dans les annales du 7èArt. Celle où elle laisse le petit frère de son mari se noyer sans faire un geste, la splendeur du paysage étant à l’exact opposé de la noirceur de ses pensées. Ou celle où elle prépare sa chute dans l’escalier qui va déboucher sur un autre drame… John Stahl n’est pas le plus grand des cinéastes américains et peu de ses films sont restés dans les mémoires. Mais on n’oubliera pas ses très beaux mélodrames des années 30 (dont deux ont été l’objet d’un remake de Douglas Sirk). Et bien entendu ce Péché mortel, premier film noir en couleur (la photographie est de toute beauté) qui continue à nous hanter…

Yves Alion

Leave her to Heaven. Film américain de John Stahl (1945), avec Gene Tierney, Cornel Wilde, Jeanne Crain. 1h50.




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