Critique

Publié le 19 janvier, 2022 | par @avscci

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Nightmare Alley de Guillermo del Toro

Cinéphile autant que cinéaste, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro a démontré sa virtuosité en passant d’un pays à l’autre et en alternant des pépites du cinéma de genre avec des films plus engagés. Auréolé par les quatre Oscars de son opus précédent, La Forme de l’eau (2017), également couronné du Lion d’or à Venise, il délaisse les rivages du fantastique pour signer avec Nightmare Alley le plus imprévisible des hommages au film noir. Il s’y inspire d’un roman déjà porté à l’écran par Edmund Goulding dans Le Charlatan (1947). Son personnage principal est un aventurier qui échoue dans un cirque itinérant où une voyante l’initie à l’art du mentalisme. Il va peu à peu exercer ainsi son influence à l’insu du directeur, puis l’utiliser pour duper des notables influents et fortunés. Nightmare Alley est une formidable reconstitution dans laquelle Guillermo el Toro déploie à la fois sa virtuosité coutumière, son inspiration visuelle hors du commun et une maîtrise absolue des moindres composantes techniques et artistiques du cinéma. Il trouve en Bradley Cooper le successeur idéal de Tyrone Power dans la version initiale et se régale à saupoudrer son film de petits cailloux blancs à l’usage des cinéphiles, de son clin d’œil appuyé aux monstres de foire de Freaks (1932) au look de Cate Blanchett en référence à la fameuse coupe de cheveux immortalisée par Veronica Lake. Le toujours inquiétant Willem Dafoe, la trop mésestimée Toni Collette et l’envoûtante Rooney Mara, mais aussi Mary Steenburgen identifiable à sa voix, complètent la distribution de rêve de ce cauchemar visionnaire.

Jean-Philippe Guerand

Film américain de Guillermo del Toro (2021), avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Willem Dafoe, Rooney Mara 2h20.




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