Critique Never rarely sometimes always d'Eliza Hittman

Publié le 24 août, 2020 | par @avscci

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Never Rarely Sometimes Always d’Eliza Hittman

L’intrigue est à première vue assez classique : une adolescente enceinte décide d’avorter. Mais le film d’Eliza Hittman, Grand Prix du jury à Berlin en 2020, ne cède à la fiction que lorsque cela est absolument nécessaire. Le reste du temps, c’est une plongée clinique dans le parcours du combattant de sa jeune héroïne, des vidéos de propagande anti-avortement infligées par le médecin aux prières des intégristes devant le centre d’avortement. Avec sa caméra naturaliste et une image aux tons délavés, la réalisatrice épouse les codes d’un cinéma documentaire immersif qui ne cherche jamais à surexpliquer les enjeux du film, et encore moins la psychologie des protagonistes. Une scène, malgré tout, fait totalement basculer le récit, permettant au spectateur de revisiter toute la situation sous un angle brutalement différent. Avant la procédure d’avortement, l’ado doit répondre à des questions personnelles par « Jamais, rarement, parfois, toujours ». Alors qu’on ne s’y attendait pas, la question du consentement et des violences sexuelles s’invite alors brutalement dans le film. Mais Eliza Hittman recentre vite son récit sur les seuls personnages qui comptent : ces deux jeunes femmes fortes et libres, unies entre elles par une complicité à toute épreuve. Elle dresse ainsi un tableau prégnant d’une certaine réalité, aussi contemporaine qu’atemporelle, tout en faisant la démonstration d’une autre longue tradition universelle : celle d’une indéfectible sororité.

Marie-Pauline Mollaret

Film américain d’Eliza Hittman (2020), avec Sidney Flanigan, Talia Ryder, Théodore Pellerin. 1h40.




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