Critique Moneyboys de C.B Yi

Publié le 17 mars, 2022 | par @avscci

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Moneyboys de C.B Yi

C.B. Yi est né dans un village de pêcheurs de la Chine continentale. Arrivé en Autriche à l’âge de 13 ans, il a étudié le cinéma à Vienne, notamment avec Michael Haneke. Son premier long métrage fait le portrait d’un déraciné, ce qu’il fut lui-même à l’adolescence. Mais c’est un déraciné bien particulier, puisque, venu d’une campagne déshéritée, le personnage principal se prostitue dans une grande ville pour subvenir aux besoins de la famille qu’il a laissée là-bas. Il est donc le pourvoyeur de l’argent et en même temps l’objet du mépris de cette famille qu’il soutient. C.B. Yi a longtemps cru qu’il pourrait tourner son film dans son pays d’origine, mais a dû finalement déplacer son tournage à Taïwan, où la liberté de filmer est sans comparaison. Des images magnifiques, un recours régulier au plan-séquence, un souci particulier d’écouter le silence de ses personnages autant que leurs conversations, tout cela produit un film d’une grande sensibilité, d’une grande précision à la fois scénaristique et visuelle. Le traitement du personnage principal est particulièrement riche. Il exerce son métier avec une sorte de froid détachement, paraît ne jamais se laisser aller, même quand la prostitution fait place à de vraies relations sentimentales. Sa confrontation avec son ingrate famille, lors de son retour au village, est un moment particulièrement fort du récit. Récit qui s’étire parfois un peu trop, le réalisateur n’ayant pas toujours voulu élaguer son propos, ce qui l’aurait rendu peut-être plus percutant. Mais les questions morales, le souci de l’autre, le rapport difficile à ses racines, l’amour au cœur d’une société pervertie, tout cela donne une force incontestable à Moneyboys.

René Marx

Film franco-belgo-austro-taiwanais de C.B Yi (2021), avec  Kai Ko, Chloe Maayan, Yufan Bai et JC Lin. 2h.




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