Critique

Publié le 31 octobre, 2022 | par @avscci

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Mon pays imaginaire de Patricio Guzman

Le titre du nouveau film de Patricio Guzman, Mon pays imaginaire, peut surprendre, dans la mesure où le réalisateur s’y confronte à la très concrète situation de son pays natal, le Chili, suite aux mouvements populaires de 2019, et dans un évident écho à ceux qui ont accompagné l’avènement de Salvador Allende en 1970. On est donc loin d’une idée de fiction, ou de rêverie, mais plus dans celle d’un pays qui n’existe pas encore et tente de se réinventer au jour le jour, dans la lutte comme dans le collectif.

« Que s’est-il passé pour qu’un pays entier se réveille ? » s’interroge Guzman, et c’est cette question qui sert de fil rouge au film, entre scènes saisies sur le vif dans la rue, au cœur des manifestations, et témoignages de manifestantes (ce sont systématiquement des femmes, aux motivations et aux profils divers) qui expliquent les raisons de leur engagement. Comme toujours, le réalisateur intervient en voix-off pour apporter sa propre voix, et relier comme il le fait inlassablement de film en film les événements contemporains à l’histoire du pays.

De par sa nature même, celle d’un film qui cherche à capter l’Histoire en train de s’écrire, et se construit donc lui-même au fur et à mesure, Mon pays imaginaire est un instantané galvanisant et porteur d’espoir (il se conclut sur l’élection de Gabriel Boric et la perspective de l’adoption d’une nouvelle constitution, dont on sait malheureusement aujourd’hui qu’elle n’a pas été approuvée par le peuple chilien) dont la volonté de documenter le présent dans l’urgence fait incontestablement la force si particulière.

Marie-Pauline Mollaret

Film documentaire franco-chilien de Patricio Guzman (2022). 1h23.




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