Critique

Publié le 3 mai, 2022 | par @avscci

0

Miss Marx de Susanna Nicchiarelli

Susanna Nicchiarelli est née à Rome et a commencé sa carrière en travaillant avec Nanni Moretti. Miss Marx est son quatrième long métrage et on annonce déjà le nouveau pour cette année, intitulé Chiara. Ce nouveau film, encore en post-production, racontera la vie de Sainte Claire d’Assise, qui suivit Saint François, et le précédent, magnifique, Nico 1988, racontait celle de l’icône rock que filma Philippe Garrel. Entre ces deux vies de femmes, voici donc celle d’Eleanor Marx (1855-1898), née et morte à Londres, et qui, fille du père illustre exilé entre Soho et Haverstock, mena une vie de militante passionnée. Éditrice des œuvres du grand Karl, féministe intransigeante, figure essentielle du mouvement ouvrier de la fin du siècle, brillante intellectuelle, elle est bien sûr peu connue aujourd’hui, éclipsée par la gloire du plus célèbre des Marx. Le film s’ouvre à la mort du patriarche en 1883 et s’achève avec celle d’Eleanor. Entre-temps, Nicchiarelli mêle avec habileté le portrait politique de son héroïne et les vicissitudes de sa vie privée, tant familiale qu’amicale et amoureuse. Le film est porté par la passion de sa réalisatrice, une très forte comédienne pour incarner Eleanor, Romola Garai, des comparses brillants. Le combat d’Eleanor n’a rien perdu de sa pertinence plus de cent ans après sa disparition et, mêlé à une vie personnelle complexe, son itinéraire raconté par Nicchiarelli reste aussi passionnant, même si moins romanesque, que celui de Nico. Comme Le Jeune Karl Marx que tourna Raoul Peck en 2017, Miss Marx, où le personnage de Friedrich Engels, vieilli, montre un tout autre visage, nous renvoie à quelques utiles leçons sur l’histoire d’hier et les contradictions d’aujourd’hui.

René Marx 

Film italo-belge de Susanna Nicchiarelli (2020), avec Romola Garai, Patrick Kennedy. 1h47.




Back to Top ↑