Critique

Publié le 2 novembre, 2022 | par @avscci

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Milan, calibre 9 de Fernando Di Leo

Les années soixante ont permis à nos amis transalpins de revisiter un genre pourtant particulièrement attaché au cinéma hollywoodien : le western. Le spaghetti-western a notamment acquis ses lettres de noblesse derrière la caméra des trois Sergio (Leone, Sollima, Corbucci). Le même phénomène s’est produit (dans des proportions moindres) avec le polar quelques années plus tard. Il faut dire que les années 7O, « les années de plomb » ont marqué la péninsule dans sa chair, quand le terrorisme d’extrême-gauche (les Brigades rouges, entre autres) et les nostalgiques de Mussolini se sont donné la main dans une ronde infernale au nom d’idéaux divergents mais également mortifères. Le cinéma a alors pris des teintes politiques, dénonçant la violence des uns, la corruption des autres, des teintes qui ont naturellement déteint sur le polar. La « Trilogie du milieu » (à laquelle appartient Milan, calibre 9), qui n’était jusqu’à maintenant montrée (en salle) qu’en VF, a repris quelques couleurs depuis qu’un éditeur vidéo a eu la bonne idée de la faire revivre en VO. C’est donc avec satisfaction que nous apprêtons à revoir ces films sur grand écran. Le signataire des cette trilogie se nomme Fernando Di Leo. Le cinéaste s’est fait connaître pour avoir collaboré avec Leone (encore lui, il n’y a pas de hasard) avant de se spécialiser dans le néo-polar violent et baroque. Les trois films dont il est question ici présentent une certaine unité : c’est le même regard sur le monde, la même noirceur généralisée, mais aussi le même sentiment de compréhension pour le personnage principal, un être à priori peu recommandable, mais que les circonstances plongent dans un tel bourbier que notre empathie lui est pourtant acquise. C’est le cas de Gaston Moschin dans Milan Calibre 9, qui nous invite à suivre les pérégrinations d’un gros paquet de fric entre des mains plus ou moins douteuses. C’est aussi celui de Mario Adorf dans Passeport pour deux tueurs, où celui-ci incarne un petit maquereau un rien hâbleur qui trouve des trésors de ressources insoupçonnées quand il est poursuivi par deux tueurs débarqués des Etats-Unis. Les deux hommes sont incarnés par Henry Silva et Woody Strode, un blanc libidineux et un noir stoïque. Quentin Tarantino dit avoir beaucoup d’admiration pour Di Leo, et il n’est pas possible qu’il n’ait pas été inspiré par le film quand il a constitué la paire de tueurs (Samuel Jackson et John Travolta) de Pulp Fiction… Les deux films montrent Milan comme aucun autre ne l’avait fait auparavant, y compris les quartiers à priori les moins photogéniques…




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