Critique

Publié le 11 octobre, 2023 | par @avscci

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Marie-Line et son juge de Jean-Pierre Améris

A travers les quelque vingt films, cinéma et télévision confondus, qu’il nous a offert en l’espace de trente ans, Jean-Pierre Améris s’est employé avec une constance remarquable à être l’avocat des êtres en situation de déchéance, sociale, physique, psychique. Marie-Line et le Juge ne partage pas le baroque de L’Homme qui rit, ni les vertiges casse-gueule de Profession du père et n’atteint pas les fulgurances de Marie Heurtin, son chef d’œuvre. Mais c’est un très joli film, qui réunit deux laissés pour compte que rien ne prédisposait à se redonner mutuellement des raisons de croire à un avenir plus radieux. La première est une jeune femme qu’une enfance chaotique et amour malheureux ont conduit à rejoindre la marge, le second un juge en fin de carrière dont la vie n’est que décombres. Les personnages nous touchent d’autant mieux qu’ils sont servis par deux comédiens hors pair qui n’avaient pas à priori eux non plus vocation à se croiser : Louane Emera et Michel Blanc. En apprivoisant une partie de sa rage, la première effectue une partie du chemin que le second parcourt en adoucissant son aigreur. Le film a bien sûr un côté feelgood, mais rien n’est jamais artificiel, un peu comme dans C’est la vie, ce chef d’œuvre de générosité où une soignante (Sandrine Bonnaire) accompagnait un malade en fin de vie (Jacques Dutronc). Dans la pire des situations, l’humanisme contagieux d’Améris fait merveille. Rien n’est jamais perdu d’avance… A un moment dans Marie-Line et le Juge, le personnage de Louane suit en voiture sa sœur, qui l’a convaincue de l’accompagner dans un plan foireux. Mais elle tourne le volant et prend un autre chemin. Une métaphore sans doute transparente mais qui souligne la force du libre-arbitre. Du grand art.

Yves Alion

Film français de Jean-Pierre Améris (2023), avec Louane Emera, Michel Blanc, Victor Belmondo. 1h43. 




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