Critique Marché noir d'Abbas Amini

Publié le 5 janvier, 2022 | par @avscci

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Marché noir d’Abbas Amini

Après le succès critique planétaire de La Loi de Téhéran, après l’incursion (fort dramatique certes) d’Asghar Farhadi dans le cinéma de genre, il faut le constater : le polar iranien est en pleine ascension. Peut-être parce qu’il se présente sous une forme légèrement plus accessible, apte à traiter divers sujets (critique sociale par exemple) pas toujours évidents dans le cadre de la société iranienne. Marché noir appartient donc très clairement à cette veine nouvelle, en nous contant le destin d’Amir, récemment rentré (de force) de France, et qu’un événement macabre va précipiter dans la culpabilité, ainsi que dans le monde peu reluisant d’un capitalisme iranien à la fois très contrôlé et très débridé. Marché noir n’est pas tout à fait un grand film : la réalisation conserve quelque chose de fonctionnel, d’un peu calibré, qui l’empêche l’œuvre de prendre vraiment son envol. Mais il reste un long métrage précieux par la simple force du réel qu’il se coltine, à savoir le portrait d’un Iran tiraillé entre la religion, la culpabilité, avec un capitalisme déchainé et totalement souterrain, ce qui ne fait que renforcer bien évidemment sa violence. Pour son premier long métrage, Abbas Amini parvient à capter l’absurdité et les tensions d’un pays coincé entre sécularisme et loi du marché. Avec, en son centre, un protagoniste qui ne trouve plus sa place et permet au spectateur de ressentir ce même sentiment dur d’inadéquation.

Pierre-Simon Gutman

Koshtargah. Film iranien d’Abbas Amini (2021), avec Amirhosein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari. 1h42.




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