Critique Lucky Strike de Kim Yong-Hoon

Publié le 16 juillet, 2020 | par @avscci

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Lucky Strike de Kim Yong-hoon

Du cinéma coréen, on connaît à la fois l’œuvre d’auteurs aussi respectés qu’Hong Sang-soo, Kim Ki-duk et évidemment Bong Joon-ho, et des films de genre qui n’ont rien à envier aux productions occidentales du même ordre. Lucky Strike relève de la seconde catégorie. Inspiré d’un roman japonais écrit par Keisuke Sone, le premier film de Kim Yong-hoon est un pur thriller animé par un personnage féminin d’une perversité jubilatoire dont le scénario repose sur le principe de la théorie des dominos. Le lien entre les huit personnages principaux de ce ballet de dupes est constitué par un sac Vuitton (placement de produit exemplaire !) rempli de billets de banque qui passe de main en main et représente pour chacun d’eux la promesse éphémère d’une nouvelle vie. À ce détail près que les cadavres s’amoncellent et que ce jeu de massacre férocement ludique devient l’occasion pour son réalisateur de dresser in fine un portrait de femme qui rejoint par sa détermination à toute épreuve les créatures les plus diaboliques du patrimoine asiatique, la séduction devenant ici l’arme la plus redoutable d’une femme fatale à tous les sens du terme. Lucky Strike est un spectacle ludique qui s’assume en tant que tel et distille un plaisir coupable comme seul le cinéma en entretient le secret. La mise en scène alerte exploite au mieux un scénario qui accumule les rebondissements, mais réussit à maintenir jusqu’au bout une tension extrême sur une intrigue à tiroirs telle qu’aurait pu l’imaginer Agatha Christie. Le cinéma sud-coréen n’a décidément pas fini de nous surprendre et de nous émerveiller par son bouillonnement créatif.

Jean-Philippe Guerand

Beasts That Cling to the Straw. Film sud-coréen de Kim Yong-hoon (2020), avec Jeon Do-yeon, Jung Woo-sung, Bae Seong-woo. 1h48.  




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