Critique

Publié le 11 octobre, 2023 | par @avscci

0

Lost Country de Vladimir Perisič

Révélé par la Semaine de la critique en 2009 avec son premier long métrage, Ordinary People, puis revenu présenter en séance spéciale un sketch du film collectif Les Ponts de Sarajevo (2014), Au gré de nos ombres, Vladimir Perisič est hanté par la guerre fratricide qui a dévasté l’ex-Yougoslavie. Celle-ci sert de cadre au nouvel opus de ce cinéaste serbe qui se déroule en 1996 et s’attache au mal-être d’un adolescent négligé par sa mère avec laquelle il entretient une relation fusionnelle et qui est porte-parole du parti de Miloševic menacé par une insurrection étudiante. Le cinéaste a fait appel à Alice Winocour pour intégrer cette chronique d’apprentissage douloureuse dans un contexte historique abrasif et prendre un certain recul sur ces événements qu’il a vécus à vingt ans. L’intrigue mêle adroitement ce mal de vivre qui caractérise l’âge ingrat et des questionnements plus profonds autour de la notion de culpabilité d’un adolescent confronté à des adultes dénués de scrupules. Lost Country revient sur une période historique douloureuse dont les morceaux épars constituent une plaie jamais cicatrisée en plein cœur de l’Europe orientale. Hanté par le Roberto Rossellini d’Allemagne année zéro (1948) et son enfant errant dans les décombres de Berlin, Vladimir Perisič signe un film mémoriel puissant où souffle un vent de nostalgie à travers ce grand-père résistant antifasciste nostalgique de la Yougoslavie de Tito qu’on découvre au début de ce film engagé, déconcerté par son époque.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-serbo-luxembourgo-croate de Vladimir Perisič, avec Jasna Duričić, Jovan Ginic, Miodrag Jovanović. 1h38.




Back to Top ↑