Critique

Publié le 12 octobre, 2022 | par @avscci

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L’Origine du mal de Sébastien Marnier

Ouvrière dans une conserverie, une femme dont l’amoureuse croupit en prison décide d’aller à la rencontre du père qui l’a naguère abandonnée, mais va devoir parer pour cela les coups bas du gynécée peu accueillant qui veille sur ce riche magnat… Cette charge au vitriol parfois sardonique s’inscrit dans la lignée de ces drames bourgeois sertis par Claude Chabrol dans les années 70 où excellaient Stéphane Audran et Michel Bouquet. Son scénario y recèle en outre plusieurs couches superposées qu’il faut franchir les unes après les autres pour accéder à une vérité toute relative. Sébastien Marnier connaît ses classiques, mais les revisite à sa façon, avec la complicité d’une bien jolie brochette de comédiennes qui entourent Jacques Weber en réincarnation moderne de Volpone. L’astuce de L’Origine du mal est de brouiller les cartes en adoptant le point de vue de la fille perdue qu’incarne Laure Calamy et de compatir à son désir légitime de se rapprocher de son père. À cette nuance près que son apparition inopinée suscite une réaction épidermique de son entourage constitué de Dominique Blanc en accro du shopping, Doria Tillier et Céleste Brunnquell en fille et petite-fille officielles du maître des lieux. Ce jeu de rôles aussi vénéneux que sophistiqué s’appuie sur une mise en scène élégante qui joue sur le format du cadre et juxtapose jusqu’à cinq images différentes dans un même plan. Marnier y confirme avec talent les promesses de ses deux premiers films, Irréprochable (2016) et L’Heure de la sortie (2019), sur le terrain pourtant balisé d’un genre traité avec audace et inventivité.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-canadien de Sébastien Marnier (2022), avec Laure Calamy, Doria Tillier, Dominique Blanc, Jacques Weber, Suzanne Clément 2h05.




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