Critique L'oiseau de paradis de Paul Manaté

Publié le 28 juillet, 2020 | par @avscci

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L’Oiseau de paradis de Paul Manaté

De la Polynésie immortalisée par Gauguin, le cinéma a immortalisé la splendeur lointaine, qui va jusqu’à irradier le dessin animé Vaiana, la légende du bout du monde (2016), ou les ravages provoqués par les essais nucléaires. La tradition y est cependant encore présente dans les gestes les plus quotidiens de la vie. L’Oiseau de paradis imbrique la modernité la plus insolente avec le poids des coutumes ancestrales. On peut sans doute compter sur les doigts d’une main les longs métrages situés dans l’archipel océanique. Celui-ci souligne à quel point cette terre française du bout du monde cultive par l’intermédiaire de sa communauté maorie davantage d’affinités culturelles avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande qu’avec l’Hexagone. Son personnage principal est un assistant parlementaire ambitieux et hâbleur à qui l’une de ses cousines confie une prédiction qui va trouver de troublants échos dans la réalité et le renvoyer à ce qu’il est vraiment. En proie à des hallucinations, il va devoir accomplir un voyage initiatique vers Tahiti où vit la jeune fille. D’une splendeur formelle assez bluffante, le premier long métrage de Paul Manaté séduit par son audace et sa capacité à apprivoiser un univers entre le ciel et l’eau où tout est exotique. En jouant la carte du fantastique, le réalisateur dynamite les codes du film noir et s’inscrit dans la lignée de La Féline (1942) ou Vaudou (1943) de Jacques Tourneur, sans appliquer pour autant les codes du cinéma de genre. Son titre est en outre une référence évidente à un sujet qu’a traité le cinéma hollywoodien à travers la pièce homonyme de Richard Walton Tully portée à l’écran par King Vidor, en 1932, puis Delmer Daves, en 1951. 

Jean-Philippe Guerand

Film français de Paul Manaté (2020), avec Sebastian Urzendowsky, Blanche-Neige Huri, Patrick Descamps 1h29.




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