Critique

Publié le 27 décembre, 2023 | par @avscci

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L’innocence de Hirokazu Kore-eda

Encore auréolé de sa belle palme d’or (Une affaire de famille, 2018), Hirokazu Kore-eda revient avec un film sans doute plus secret que d’ordinaire. Parce qu’il choisit, à la manière du Rashomon de Kurosawa de présenter en parallèle différents points de vue sur de mêmes événements, semant ainsi comme un doute sur ce que nous croyons comprendre. Mais aussi parce que l’axe du film est l’amitié de deux adolescents qui ne se livrent pas aisément. D’une certaine manière, le cinéaste nous installe à la place des adultes qui peinent à les comprendre, jusqu’au moment où le comportement de certains d’entre eux se révèle pour le moins ambigu. Kore-eda n’a jamais cessé de s’interroger sur les liens familiaux et sur leur fragilité, la réalité de ce qui se noue entre des êtres liés par le sang étant rarement conforme à ce que les règles sociales imposent. Comme son titre original (Monster) l’indique, le film du maître nippon nous invite à traquer ce qu’il peut y avoir de monstrueux en chacun de nous, mais nous incite à ne pas nous arrêter aux apparences. Le film affiche une structure assez ludique (le fait de rembobiner les événements pour les relater autrement), mais c’est pour mieux faire passer une opacité qui peut sans doute rebuter les adeptes de la ligne claire en matière de narration. Mais qui enchantera les autres, ceux qui se laissent aller aux vertiges de l’âme humaine. Rarement film aura été aussi loin dans la description subjective d’une amitié adolescente… Parfois hypnotique, le film est de ceux qui nous imprègnent…

Y. A.

Kaibutsu. Film japonais de Hirokazu Kore-eda (2023), avec Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa. 2h06.




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