Critique

Publié le 24 novembre, 2023 | par @avscci

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Levante de Lillah Halla

Dans le Brésil de Bolsonaro, Sofia, membre d’une équipe de volley queer, se retrouve accidentellement enceinte, au moment même où l’obtention d’une bourse peut lui permettre de réaliser son rêve professionnel. Pour son premier long métrage, la réalisatrice Lillah Halla s’empare d’enjeux évidemment aussi classiques que contemporains, dressant un portrait sur le vif d’un pays partagé entre le désir de modernité d’une partie de sa population, et le conservatisme réactionnaire de l’autre. Si l’on ne peut qu’être en empathie avec son héroïne, sur laquelle se resserre lentement le piège d’une maternité non désirée, Levante donne l’impression de dérouler un peu sagement son récit, illustrant consciencieusement son propos politique, mais sans oser aller vers plus d’aspérités. La démonstration est évidemment efficace, dans la manière implacable dont les différentes possibilités d’avorter envisagées par la jeune fille échouent les unes après les autres comme dans l’idée d’une solidarité féminine – mais pas uniquement – qui se met en place autour d’elle. Toutefois, au milieu des bons sentiments et de la dénonciation militante, on cherche parfois le cinéma, réduit à une mise en scène qui appuie les émotions et un montage presque clippé qui est plus dans la séduction “pop” que dans une véritable écriture formelle. Sans doute est-ce cet aspect séduisant (rythmé, bourré d’énergie, portant un propos fort) qui constitue à la fois le charme et la limite du film, dont on aurait aimé qu’il aille plus loin dans le portrait collectif de cette jeunesse engagée et libre, devenue malgré elle la représentante d’une contestation sociale endémique.

Marie-Pauline Mollaret

Film brésilien de Lillah Halla (2023), avec Ayomi Domenica Dias,Loro Bardot, Grace Passô, Gláucia Vandeveld, Rômulo Braga. 1h32.

 




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