Critique

Publié le 13 septembre, 2023 | par @avscci

0

L’Eté dernier de Catherine Breillat

Le retour de Catherine Breillat est l’une des incontestables belles surprises du dernier Festival de Cannes. Au-delà de tous les discours sur cet heureux événement, reste la réalité de la nouvelle œuvre d’une cinéaste qui fut, pour ses admirateurs autant que ses détracteurs, l’une des réalisatrices les plus radicales du cinéma français post-Nouvelle Vague. Or, la surprise majeure de L’Été dernier réside dans les nouveaux choix effectués par l’auteure de Romance. En livrant ce remake d’un long métrage danois, Breillat revisite certes, à première vue, des thèmes typiques de son œuvre, soit la sexualité en soi, son impact ou son pouvoir, et ce à travers l’histoire très charnelle entre une avocate et son beau-fils. Pourtant, même si l’âpreté propre à la metteuse en scène peut se ressentir à plusieurs instants, quelque chose d’autre, de radicalement nouveau, surgit dans les images. Les scènes d’été, nimbées de lumières, d’une nature verte qui tranche avec la plage presque triste de À ma sœur, portent un apaisement qui fait pencher parfois le film vers du Renoir. Cette comparaison peut sembler étonnante, mais le drame que livre ici Breillat semble très renoirien, puisque (pour paraphraser une célèbre réplique), chacun ici a ses raisons, et c’est bien cela qui est terrible ! Une forme de romantisme différent, moins mortifère que celui décrit dans le reste de l’œuvre de la cinéaste, donne au film une saveur inédite, même si la tragédie surgit bel et bien. Mais elle est rattrapée par une conclusion qui ôte tout manichéisme et rend au récit cet aspect dur et pourtant étrangement lumineux.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Catherine Breillat (2023), avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin. 1h44.




Back to Top ↑