Critique

Publié le 16 décembre, 2023 | par @avscci

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Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon

On ne compte plus les adaptations des Trois Mousquetaires, y compris hors de France (le film on ne peut plus hollywoodien de 1948, signé George Sidney, avec Gene Kelly en D’Artagnan est peut-être la plus séduisante de toutes). Mais force est de reconnaître que cette version concoctée à grands frais par Martin Bourboulon apporte un éclairage assez inédit. Dès le premier épisode, nous avions été confrontés à une noirceur assez inédite, le cinéaste et ses scénaristes ayant choisi de montrer les ténèbres d’une époque encore marquée par les guerres de religion plutôt que l’aspect virevoltant et picaresque le plus souvent associé aux films de cape et d’épée. Le second volet va sans doute encore plus loin dans ce choix. Au point que le film s’affiche pendant un bon moment (celui du siège de La Rochelle) assez proche de que l’on attend des films de guerre. Mais le plus marquant reste le jeu du chat et de la souris auquel se livrent D’Artagnan et Milady, perverse, ambiguë et pleine de séduction tout au long du film. Une joute qui semble sans fin et ne manque pas de rebondissements (parfois un rien tirés par les cheveux). Mais nous avons par contrecoup le sentiment que nous nous éloignons assez franchement de l’œuvre de Dumas. Au point que les trois mousquetaires (qui comme chacun sait étaient quatre) ne sont ici plus que deux, Porthos et Aramis étant à deux doigts de la figuration. Nous ne perdons pas pour autant une miette d’un spectacle pétaradant qui pourrait jouer les prolongations sans que l’on se lasse. C’est d’ailleurs de toute évidence le pari qui a été fait, puisque le film se termine sur un cliffhanger vertigineux (que nous ne révélerons évidemment pas) qui annonce de toute évidence une suite. Mais Dumas lui-même n’avait-il pas affiché un appétit feuilletonesque et prolongé la vie de ses personnages avec Vingt Ans après et Le Vicomte de Bragelone ? Et le premier des grands films adaptés du roman, signé Henri Diamant-Berger (en 1927, muet) ne comportait-il pas douze épisodes (d’une heure chacun) ?

Yves Alion

Film français de Martin Bourboulon (2023), avec François Civil, Eva Green, Vincent Cassel. 1h55.




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