Critique

Publié le 14 mai, 2024 | par @avscci

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Les Trois Fantastiques de Michaël Dichter

Le teen movie est un genre typiquement anglosaxon qui n’a produit que peu d’œuvres mémorables en France sinon quelques chroniques lycéennes telles que Diabolo menthe (1977), La Boum (1980), Le Péril jeune (1994), LOL (2008) ou Les Beaux Gosses (2009). En revanche, peu ou pas d’équivalents aux comédies délirantes du regretté John Hughes, aux Goonies (1985) de Richard Donner ou à Stand By Me (1986) de Rob Reiner qui exaltaient des graines d’aventuriers intrépides sur une tonalité nostalgique. Bien que son titre renvoie à un classique du film de super-héros, le premier long métrage de Michaël Dichter se situe en fait dans les Ardennes en voie de désindustrialisation, le temps d’un été, où trois copains succombent à la mauvaise influence d’un grand frère tout juste sorti de prison et dépourvu d’états d’âme (le toujours juste Raphaël Quenard) qui les entraîne dans ses combines minables. Michaël Dichter y décrit cette période de la vie où l’école gomme en partie les différences sociales et où la camaraderie ne s’embarrasse pas de ce genre de considérations dans un cadre provincial où tout semble plus immuable qu’en ville. Un univers immobile tel qu’en décrit rarement le cinéma français, tant il détonne avec la dictature de la vitesse qui régit le cinéma moderne, sous prétexte qu’un consommateur de plateformes qui n’accroche pas dès les premières minutes risquerait de zapper. C’est tout à l’honneur des Trois Fantastiques de ne jamais tomber dans ce piège de la frénésie systématique et de prendre le temps suffisant pour nous immerger dans son petit monde.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Michaël Dichter (2023), avec Diego Murgia, Emmanuelle Bercot, Raphaël Quenard. 1h35.




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