Critique

Publié le 20 octobre, 2022 | par @avscci

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Les Harkis de Philippe Faucon

C’est peu dire que Philippe Faucon occupe une belle place dans notre paysage cinématographique. A l’écart des modes, à l’écart des éclats médiatiques (ce qui ne l’a pas empêché de triompher aux Césars avec Fatima en 2016 après avoir décroché le Prix Louis Delluc) il suit un bonhomme de chemin personnel, singulier, des plus attachants. Son inspiration tourne bien sûr principalement autour des relations entre la France et l’Algérie et ce que cela signifie pour les êtres de chair et de sang que nous sommes des deux côtés de la Méditerranée. Quitte à revenir sur certaines meurtrissures du passé. C’est le cas des Harkis, qui comme son titre l’indique traite de l’incorporation d’Algériens dans les rangs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Le film n’est pas violemment polémique (même si l’abandon de ceux qui l’avait servie par la France est exposé sans fioriture), il se penche avec simplicité et empathie vers ceux qui le plus souvent pour des raisons économiques ont fait un choix dont ils ont pâti, leurs proches et leurs descendants avec eux. Harkis est un film sobre, presque bressonien, un film pudique mais qui ne laisse pas planer le moindre doute sur l’humanisme de son auteur. Qui une nouvelle fois regarde ses personnages dans les yeux. Son engagement à cet égard ne se résume d’ailleurs pas aux relations avec l’ancienne colonie, mais de façon plus large sur la fragilité des êtres confrontés aux vents contraires de l’Histoire. Cf son film précédent, réalisé pour la télévision, La Petite Femelle, un portrait de Pauline Dubuisson, figure de la rubrique criminelle d’après-guerre, qui a servi de modèle à Clouzot pour faire La Vérité, dont Faucon a réussi à rendre compte de l’élan de vie dans une France pour le moins repliée sur elle-même. Philippe Faucon est décidemment un grand cinéaste.

Yves Alion

Film français de Philippe Faucon (2022), avec Théo CholbiMohamed El Amine MouffokPierre Lottin. 1h22.




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