Critique

Publié le 5 septembre, 2022 | par @avscci

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Les Cinq Diables de Léa Mysius

Le deuxième long métrage de Léa Mysius nous arrive avec, bien évidemment, le poids et les attentes crées par le succès critique de son premier film, Ava. Loin d‘être paralysée par les enjeux, la réalisatrice livre un projet plus ambitieux encore et qui, en flirtant ouvertement avec un fantastique français à l’héritage controversé, ose aller dans un terrain national encore peu exploré. Deux événements majeurs d’y croisent : le portrait d’une petite fille capable de créer, par les odeurs, de véritables passages vers le passé, et le retour d’une jeune femme, sa tante, qui va réveiller dans sa famille des secrets mal enfouis. Lentement, grâce au talent de l’enfant, le passé se révèle jusqu’à l’apparition de la tragédie originelle. L’auteure se place ainsi dans une dynamique compliquée, ou le portrait de passions désespérées, de personnages enfermés, se mêlent avec les portes vers le merveilleux, ouvertes par la jeune héroïne. L’idée aboutit à de belles idées visuelles, et une vision du surnaturel qui se mélange étonnamment bien, avec harmonie, à des paysages, à des ambiances, d’une petite ville française. Cette réussite esthétique, atmosphérique, se heurte à un schéma narratif dont les personnages semblent désincarnés. La tante et la mère sont ainsi définies par leur passion inassouvie, et uniquement par cet élément. Quelque chose de sec, de théorique, nous met à distance d’une œuvre dont les protagonistes ne semblent servir que de prétextes pour les jeux de mis en scène et de narration de Mysius.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Léa Mysius (2022), avec Adèle Exarcopoulos, Sally Dramé, Swala Emati. 1h35.




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