Critique Les choses qu'on dit les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret

Publié le 17 septembre, 2020 | par @avscci

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Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret

Le titre de ce film est-il une description du cinéma parlant : des mots et des actes ? Depuis ses débuts, Mouret scande ses histoires avec les paroles de ses personnages. Ici, croisant les amours incertaines de huit trentenaires, il compare leurs « déclarations officielles » et la réalité de leurs actions. Ce décalage tragi-comique n’est pas son seul sujet. Comme dans tous ses films, l’enjeu érotique est très fort et assez masqué. Ici, Mouret décrit l’excitation subtile qui peut naître quand, sur le ton de la confidence amicale, en toute innocence, un(e)tel(le) raconte  à un(e)te(le) une intrigue passée, avec de plus en plus de détails, progressivement. L’inoffensive description devient (involontairement ?) un piège séducteur. Fidèle à l’esprit de Diderot, adapté dans Mademoiselle de Joncquières, son film précédent, Mouret raisonne sur les passions (si c’est possible) et entrelace les récits. Accumulation baroque de narrations, de décors, de musiques, de paysages aussi. De talents de comédiens également, il faudrait écrire une critique entière pour chacun des noms écrit au générique. La complexité est aussi celle des plans-séquences, Mouret renforçant ainsi le côté acrobatique de son nouveau film. Ses observations de l’animal humain poussent finalement le cinéaste à révéler ce que cachent des êtres apparemment tranquilles, qui ne crient pas, ne se jettent que rarement la vaisselle à la tête, demeurent pétris de bonnes intentions et de bienveillance scrupuleuse : de violentes tempêtes.

René Marx

Film français d’Emmanuel Mouret (2020), avec Niels Schneider, Camélia Jordana, Émilie Dequenne, Vincent Macaigne. 2h02.




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