Critique Les choses humaines

Publié le 4 décembre, 2021 | par @avscci

0

Les Choses humaines de Yvan Attal

Si la tonalité de la plupart des films précédents d’Yvan Attal flirte avec la comédie (mais une comédie qui n’est pas pour autant sans enjeu, cf son Ils sont partout, films à sketchs sur l’antisémitisme ordinaire), Les Choses humaines lui fait virer de bord. Le film est en effet des plus douloureux, qui s’articule autour d’un viol. Un sujet on ne peut plus casse-gueule à l’heure où les violences faites aux femmes déchainent des passions où il n’est pas facile de faire preuve sinon de pondération du moins de réflexion. Le film possède cette grande qualité de mettre en lumière l’ambiguïté des personnages, le flou des situations, en deux mots notre incapacité à tirer des conclusions définitives. Ce que l’on attend pourtant des tribunaux. Attal ne s’en cache pas : il voue une admiration sans borne à Douze Hommes en colère. Si Les Choses humaines n’a pas la force dramatique du chef d’œuvre de Lumet, il partage avec lui le sentiment de la fragilité des sentiments, des émotions, des témoignages. Dans l’affaire qui nous intéresse il est impossible de dire si le jeune homme ment en affirmant que sa partenaire était consentante ou si celle-ci affabule en disant avoir été forcée. Il est même probable que tous deux disent la vérité, leur vérité, à la société ensuite de se dépatouiller avec cela. On sent qu’Yvan Attal s’est emparé du sujet avec une certaine gravité, conscient de sa responsabilité, qu’il s’est personnellement impliqué. Ce n’est pas par hasard si Charlotte Gainsbourg, sa compagne, incarne la mère du prévenu ou si c’est Ben Attal, son propre fils qui se retrouve sur le banc des accusés. On ressort en tous cas du film avec plus de questions qu’en y entrant, et c’est un compliment.

Yves Alion

Film français de Yvan Attal (2021), avec Ben Attal, Charlotte Gainsbourg, Suzanne Jouanet. 2h18.




Back to Top ↑