Critique

Publié le 8 décembre, 2022 | par @avscci

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Les Bonnes Etoiles de Hirokazu Kore-eda

Après La Vérité en 2019, tourné en France à la suite de la rencontre avec Juliette Binoche, Kore-eda est parti en Corée, pour travailler avec Song Kang-ho. Les conversations avec le comédien principal de Parasite, de Bong Joon-ho, Palme d’Or en 2019, ont convaincu le Japonais de se déplacer à nouveau, pour un sujet qu’il aurait eu du mal à tourner dans son pays. Les « boîtes à bébés », équivalents des vieux « tours d’abandon » des églises où on déposait les nouveau-nés dans l’Europe d’autrefois, sont une particularité coréenne. Ici, le bébé abandonné est subtilisé par des trafiquants qui cherchent à le revendre. Les criminels présentés au début du film vont devenir attachants, le spectateur va se prendre de sympathie pour ce groupe bancal, un bébé, les deux trafiquants, la jeune mère réapparue, un jeune garçon venu s’ajouter à ce patchwork bizarre. Il s’agit à nouveau pour Kore-eda d’inventer un monde différent, où les liens entre les êtres sont faits d’accidents et d’inattendus, où rien ne se passe comme dans l’univers réglé qu’on nous vend comme le seul possible et dont le metteur en scène révèle l’inanité. En explorant jusqu’au bout ce qui n’est pas normé. Truffaut n’est pas loin. Comme lui le cinéaste japonais  raconte avec clarté des histoires très complexes, comme lui il est obsédé par le sort de l’enfance dans un univers qui se prétend adulte et qui est toujours dans l’erreur. Kore-eda est un cinéaste humaniste, comme les maîtres, Kurosawa, Mizoguchi ou Ozu. Mais, comme Truffaut, il est surtout un contestataire discret, interrogeant les conventions sociales comme le langage cinématographique sans jamais afficher ostensiblement la révolte ou l’avant-gardisme. C’est précisément de cette discrétion que son œuvre prend sa force et sa cohérence.

René Marx

브로커 (Beulokeo). Film coréen de Hirokazu Kore-eda (2022), avec Song Kang-ho, Bae Doo-na et Gang Dong-won. 2h09




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