Critique

Publié le 31 janvier, 2024 | par @avscci

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Léo de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon

C’est Jim Capobianco, scénariste pour Disney, notamment sur Ratatouille et Le Roi lion, qui a eu l’idée de ce long métrage racontant les dernières années de la vie de Léonard de Vinci, et notamment son séjour à Amboise, sous la protection du roi François 1er. Persuadé dès le départ que le film devait être réalisé en animation en volume, technique qu’il ne maîtrise pas lui-même, il a eu l’idée de faire appel au réalisateur français Pierre-Luc Granjon, dont il avait vu Les 4 saisons de Léon, une collection de 4 moyens métrages en marionnettes. De leur collaboration est né un conte plein de fantaisie et d’humour, qui tient ses promesses de divertissement familial tout en proposant une relecture satirique des rapports de pouvoir au temps de la Renaissance. Léonard y est présenté comme un inventeur de génie un peu fantasque, obsédé par son désir de percer les mystères du corps et de l’âme humaine, et donc forcément en lutte contre l’obscurantisme ambiant. Face à lui, le roi fait office de fantoche qui ne cherche qu’à impressionner les souverains des autres royaumes, tandis que le pape remet en cause la liberté de création en exigeant de “gentils petits artistes qui font ce qu’on leur demande”. Heureusement, Marguerite de Navarre, la sœur aînée du Roi, représente le progressisme à l’œuvre dans toute l’Europe de l’époque. Résolument du côté de l’artiste, elle s’investit avec passion dans son projet de cité idéale. Le récit oscille ainsi un discours relativement critique, des moments de pure comédie mais aussi des passages plus poétiques, comme lorsque le peintre projette des images de ses travaux sur un mur, semblant inventer avec quelques siècles d’avance le cinéma d’animation. La question des dissections de cadavres, auxquelles s’adonnait volontiers le grand homme, est également abordée avec beaucoup de tact, dans une forme allégorique qui met l’accent sur la soif de connaissances plus que sur l’aspect anatomique de la chose. Pour cela, le mélange d’animation de marionnettes (pour la “réalité”) et de séquences dessinées (pour tout ce qui relève des pensées ou de l’imagination de Léonard) permet de varier les niveaux de lecture sans perdre les plus jeunes spectateurs en route, et contribue à faire du film un hymne convaincant à la science et à la culture, ainsi qu’au désir de transmission.

Marie-Pauline Mollaret

The Inventor, film d’animation américain de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon (2023), avec les voix d’André Dussollier, Marion Cotillard, Juliette Armanet, Gauthier Battoue… 1h39.




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