Critique L'envolée d'Eva Riley

Publié le 16 juillet, 2020 | par @avscci

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L’Envolée d’Eva Riley

Concentrée sur la performance, Leigh a voué son adolescence à la gymnastique. L’irruption dans son paysage familial dévasté d’un demi-frère dont elle ignorait jusqu’à l’existence va l’aider à grandir et à relever le plus beau des défis : devenir une compétitrice combative. L’Envolée est tout à la fois une magnifique chronique de l’âge ingrat et une exaltation de l’effort à la fois sportif et artistique. Après une demi-douzaine de courts métrages, Eva Riley signe un premier long dont la modestie s’exprime dans la brièveté. Le film ne s’encombre ni de scènes inutiles ni de tics de mise en scène. Il va droit à l’essentiel et se concentre sur la psychologie de ses personnages. La réalisatrice trouve en Frankie Box une interprète idéale de sensibilité et de retenue, en traquant au plus près les états d’âme de son personnage dans les faubourgs de Brighton. Rien de plus difficile que de s’attacher à une adolescente timide et mal dans sa peau, confrontée à deux hommes : cet aîné fantasmatique surgi de nulle part qui va l’aider à prendre confiance en elle et ce père dont les absences répétées l’ont incitée à se replier sur elle-même. Une posture incompatible avec les impératifs de la gymnastique qui lui imposent en outre de se mettre en paix avec un corps en pleine mutation. D’où la justesse du titre français choisi, L’Envolée, qui traduit idéalement les multiples problématiques auxquelles est confrontée cette jeune fille. Il émane de ce film délicat et sensible une authenticité rare qui renvoie aux plus beaux fleurons de la tradition britannique depuis le Free cinema, quelque part entre la pureté du cœur des premiers Ken Loach, l’ancrage social de certains opus d’Andrea Arnold, mais aussi Billy Elliot (2000), de Stephen Daldry. Gageons qu’on entendra reparler d’Eva Riley.

Jean-Philippe Guerand

Perfect 10. Film britannique d’Eva Riley (2019), avec Frankie Box, Alfie Deegan, Sharlene Whyte. 1h23.  




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