Critique

Publié le 31 janvier, 2022 | par @avscci

0

L’Ennemi de Stephan Streker

Un politicien ministrable voit sa carrière sérieusement menacée lorsque son épouse est retrouvée morte dans un hôtel d’Ostende où le couple séjournait en amoureux. Les preuves étant accablantes, non seulement il encourt une lourde peine sous l’accusation de violences conjugales, mais son avenir prometteur semble d’autant plus compromis qu’il ne se souvient de rien au point d’ignorer s’il est réellement coupable du crime dont on l’accuse. Remarqué avec son film précédent, Noces, déjà d’une grande subtilité, le réalisateur belge Stephan Streker s’essaie cette fois au cinéma de genre, en s’aventurant sur le terrain miné d’un sujet de société ô combien délicat : le féminicide. Il adopte pour cela le point de vue de son protagoniste en nous entraînant dans un véritable dédale. L’occasion pour Jérémie Renier d’une composition où il n’hésite jamais à sortir d’une zone de confort qui n’a jamais guidé la moindre de ses compositions depuis ses débuts chez les frères Dardenne. Le principe adopté par Stephan Streker consiste à laisser le spectateur se faire sa propre opinion en le mettant dans la tête de cet homme aux abois dont la raison est bouleversée par des apparences qui menacent de se transformer en évidences et de le faire basculer dans une culpabilité suicidaire. L’ennemi du titre n’est autre que lui-même. En l’occurrence, dans la réalité le leader écologiste Bernard Wesphael, accusé du meurtre de son épouse en 2013 et acquitté trois ans plus tard au bénéfice du doute. L’habileté du film consiste à s’attacher à la relativité de la vérité dans ce qui constitue une affaire de morale.

Jean-Philippe Guerand

Film belgo-luxembourgo-français de Stephan Streker (2020), avec Jérémie Renier, Alma Jodorowsky, Emmanuelle Bercot. 1h45.




Back to Top ↑